Dans le canton de Boutelfil aux portes du désert tchadien, l’imam accuse les femmes célibataires d’être à l’origine de la colère divine qui s’abat sur le village. Les chefs de villages décident d’organiser une cérémonie traditionnelle, l’Amchilini, qui consiste à obliger toutes les femmes non mariées à choisir un époux. Mais des voix s’élèvent, surtout chez les jeunes filles, pour s’opposer à ce qu’elles considèrent comme une atteinte à leur dignité et à leur liberté. Elles revendiquent leurs droits d’égalité et d’autonomie par rapport aux hommes.
L’avis de Tënk
Boutelfil est le village natal de Kader Allamine : il a l’ancrage nécessaire pour glisser sa caméra dans les réunions de notables. Il capte la parole des hommes mais aussi celle des femmes qui parviennent à s’y incruster et usent d’humour et d’inventivité pour se faire entendre. Et il va les voir ensuite pour approfondir, témoignant d’un grand respect. C’est savoureux et surtout d’une profonde actualité : comment les hommes imposent une tradition qui leur est favorable, comment les femmes résistent pour développer leur autonomie. Avec l’Amchilini, les femmes sont obligées de choisir un mari, même si elles ne veulent pas… Face à la violence du patriarcat, ne reste que la ruse. Au fin fond du Tchad, malgré les limites de leur capacité d’agir, l’indocilité des femmes construit leur liberté.